Vaste sujet que celui-là.
Y a-t-il des solutions ? Oui. Heureusement d'ailleurs car sinon, il ne nous resterait plus qu'à nous flinguer.
Lesquelles ? Cela dépend, je crois, de la vision que l'on peut avoir de l'avenir. Pour moi, la principale question à se poser n'est pas "quelles solutions" mais bien "peut-on avoir confiance dans les capacités de l'Homme à faire face à un tel crash dans la dignité". Cela peut paraître comme étant une question philosophique de bazar, mais savoir y répondre conditionne toutes les solutions d'avenir.
L'être humain peut être capable du pire comme du meilleur. Ce n'est un scoop pour personne. Haïti ravagé par un tremblement de terre a montré les limites de la dignité humaine lorsqu'il s'agit de se nourrir et de sauver les siens. Exit le verni civilisé de l'homme et bienvenue dans le règne du chacun pour soi. Des personnes bien pensantes diront peut-être : "Bah ! Haïti ne peut pas être comparée aux USA ou à la vieille Europe pour ce qui est de la civilité...". Dans ce cas, souvenons-nous de la guerre du Kosovo et voyons ou se situe "notre" civilité.
Dans la plupart des forums consacrés au crash (qu'il soit financier, pétrolier, agricole, démographique, climatique : peu importe), les mêmes solutions reviennent.
Façon survivalisteNécessité de faire des réserves de nourriture et de matériel divers (épuration d'eau, piles, bougies, trousse de secours...) pour au moins 1 an ! On part du principe qu'à l'extérieur, ce sera le chaos et comme on est bien informé, on se barricade chez soi (surtout pour les gens des villes) et on attend. Attendre quoi ? Dans les versions optimistes, l'Etat arrive quand même à surmonter la crise et à élaborer des solutions. Dans les versions pessimistes (plus nombreuses), plusieurs options s'affrontent :
- faire des réserves... ok, mais ta famille, tes voisins, tes amis vont venir frapper à ta porte. Alors tu vas faire quoi ? Bon, d'accord, nous sommes malins, alors nous sommes restés discrets. Personne ne sait que nous avons des réserves. Ok. Dans une ville, lorsqu'il n'y a plus rien à manger, que va faire la population ? Une partie va partir dans les campagnes, mais l'autre partie s'organisera en bandes et pillera systématiquement toutes les maisons à la recherche de nourriture. Vous pensez toujours être à l'abri ?
Le plan A et le plan B. J'adore cette théorie. Imaginez-vous dans la peau d'un citadin. Conscient du peak, vous avez conçu votre plan B depuis quelques années. La retraite à la campagne, un terrain agricole, boisé si possible avec de l'eau... bref, en cas de crash, en route pour le plan B. Selon la situation, ce fameux plan B peut être distant de plus de 100 kms. Un Parisien a peut-être sa retraite dans le fin fond du Sud-Ouest.
Question : comment se rendre au plan B ? Bête question me direz-vous : en voiture pardi ! Pas de problème avec le pétrole, il y a des jerricans de réserve dans le coffre ! Je crois qu'il y a intérêt à avoir une très très grosse voiture... et puis... arrêt sur image... Pensez aux vacances de juillet-août, les kilomètres de bouchon, les jours rouges de Bison Futé, les gens coincés dans leur véhicule sous la canicule pendant des centaines de kilomètres... Ok, vous avez cela en tête ? Alors imaginez quelle serait la situation en cas de crash... prenez la situation de vacances et multipliez là par 100. Tout le monde n'aura pas de réserve de carburant. Les véhicules abandonnés seront innombrables et bloqueront les voies routières. Inutile de dire non plus la réaction des autres face à vos jerricans... Vous allez me dire : "cela ne m'arrivera pas. Grace à Internet et tous les forums que je fréquente, je serai au courant avant tout le monde de la dégradation de la situation !" Ah oui, Internet, la boule de cristal moderne de la prédiction de l'avenir... dites-vous bien que si Internet vous informe du crash, d'autres seront au courant bien avant vous. Nos dirigeants et l'armée, pour ne citer que ces deux là. Je ne crois pas qu'ils resteront les bras croisés.
Bon, imaginons que vous arriviez enfin à votre point B. Après tant d'efforts, vous vous apercevez que votre retraite est déjà occupée par d'autres. Eh oui, c'est une éventualité. D'autres que vous ont peut-être moins de kilomètres à parcourir... Qu'allez-vous faire en ces temps troublés ou seule règne la loi du plus fort ? Etes-vous le plus fort ?
Façon autarciqueVous avez trouvé à la campagne, un coin désert avec une ruine quelconque, dans une région peu peuplée pour bien faire et peut-être même en montagne. Vous avez été prudent et plutôt que d'attendre l'effondrement de la société, vous avez pris les devants. Vous avez cultivé la terre, fait des réserves de nourritre et semences. L'endroit vous plaît et vous croyez être à l'abri. Arrive le crash. Des gens affamés envahissent votre territoire. Vous faites quoi ? Vous les chassez à coup de fusil ? "Mais non !" me direz-vous, "les gens des villes n'arriveront jamais jusque chez moi ! Il faudrait parcourir des centaines de kilomètres à pied ! Impossible !" Je crois que c'est une grave erreur que de sous-estimer la capacité de survivre des gens. Beaucoup y laisseront leur peau, c'est vrai, mais les plus forts y arriveront.
Votre coin est resté zone sanctuaire. Pas de zombies qui débarquent chez vous. Vous vous croyez tiré d'affaire ? Pas de chance, vous faites une fausse manoeuvre en coupant un arbre et celui-ci vous tombe dessus. Vous êtes salement blessé. Que faites-vous ?
Il y a encore d'autres possibilités : guerres civiles, dictatures...
Tout cela, c'est pour le pire. Notre force est, je crois, de pouvoir prévoir le pire. L'imaginer peut nous obliger à trouver des solutions pour que cela n'arrive pas. Devons-nous compter sur nos gouvernants ? Non. Devons-nous essayer de proposer un autre "système" avant que notre civilisation industrielle ne s'écroule ? Oui. Cela relève-t-il de l'utopie ? Non. Des gens s'organisent déjà : voir les villes en transition. Les énergies renouvelables peuvent-elles être la solution à nos problèmes ? Non. En tout cas, pas si nous continuons à vouloir vivre de la même manière qu'actuellement.
Il y a une question sur ce forum : les Etats survivront-ils ? Je ne crois pas. Si nous voulons éviter le chaos et sortir du système, ils nous faut agir sur le local : notre quartier, notre commune, notre ville, une région. Au-delà, c'est déjà trop compliqué. Vivre sans pétrole n'est pas la fin du monde. C'est la fin d'un monde, mais il n'est pas nécessairement plus mauvais, que du contraire ! Nous avons là une chance inouie de changer notre vie en mieux. Nous possédons grace à la technologie toutes les connaissances de tous les peuples depuis la préhistoire. C'est quelque chose d'inestimable. Et même si la technologie ne survit pas dans un futur plus lointain, les connaissances acquises seront toujours là. A nous de les utiliser à bon escient.
Assez bizarrement, la devise de mon pays est : "l'union fait la force" (et non l'oignon fait la farce). Cela veut tout dire. Plusieurs régions en permaculture par exemple, peuvent se serrer les coudes pour faire obstacle à une tentative de dictature. Il nous appartient de créer ces régions et surtout, de ne pas les maintenir à l'écart du monde. Plus cette manière de vivre sera enseignée et mieux nous pourrons agir sur notre avenir.
Bon, c'est ma vision des choses. Reste à voir quels sont vos avis.
Fin de la prose, j'ai une crampe !
Tiens, en parlant de dictature... Bourrache Première, cela vous tente ?