La graine[modifier]Le
grain de blé est un fruit particulier, le
caryopse. L'enveloppe externe est adhérente à la matière végétale de la
graine et la protège des influences extérieures. Au cours de la
mouture, les enveloppes (téguments) sont parfois séparées du grain (embryon + albumen) et commercialisées en tant que
son. Le grain contient 65 à 70 % d'
amidon ainsi qu'une substance protéique (le
gluten) dispersée parmi les grains d'
amidon.
Le gluten est responsable de l'élasticité de la pâte malaxée ainsi que
de la masticabilité des produits à base de céréales cuits au four. Cette
visco-élasticité permet de faire du
pain de qualité : les bulles de CO2 dégagées lors de la dégradation
anaérobie de l'amidon par les levures sont piégées dans le réseau de
gluten à la fois tenace et élastique (la pâte "lève").
L'embryon ou germe est la partie essentielle de la
graine permettant la
reproduction de la plante : en se développant il devient à son tour une jeune
plante. Contenant beaucoup de matières grasses (environ 15%) ou d'huiles
et qu'il pourrait donc rancir, le germe est souvent éliminé lors du
nettoyage des grains. Les embryons de céréales sont vendus dans les
boutiques de
diététique car ils sont considérés comme très sains en raison de leur haute teneur en
sels minéraux, vitamines, protéines et huiles.
Le germe de blé, en diététique, fournit la majeure partie des
vitamines B, hautement spécialisées dans la défense et l'entretien du système nerveux. Il apporte aussi, en quantité, les
vitamines A, C, E, du zinc et des
acides aminés.
Teneur en vitamines des germes de blé non cuits :
Vitamine
Valeur pour 100g
3Si l'on compare les deux principales variétés de blé, le
blé dur et le
blé tendre, le qualificatif de
dur est d'une part utilisé dans une logique classificatoire tenant compte
de la structure génétique de la variété, et d'autre part utilisé pour
décrire d'un point de vue mécanique la résistance du grain à la mouture
(à la mouture, un grain
dur dont une partie de l'amidon est
vitreux donnera une poudre granuleuse, au lieu d'une farine poudreuse).
Ces deux aspects, génétiques et mécaniques, ne sont pas entièrement
dépendants. Ainsi un blé génétiquement
dur sera le plus souvent, mécaniquement,
dur mais pourra aussi être éventuellement
tendre. Les grains tendres d'un blé dur sont qualifiés de mitadinés.
Un blé tendre peut être appelé
blé de force lorsque son taux de protéines est élevé et qu'il améliore la
force boulangère de la pâte à pain. Parfois une traduction inexacte des variétés cultivées en Amérique du Nord comme le
hard red winter fait penser que ce sont des blés durs, en fait ce sont des blés de force.
Les
cultivars sont les variations des deux espèces qui sont effectivement cultivées dans les champs
4.
La paille et le chaume[modifier]La
paille est la partie de la
tige des
graminées coupée lors de la
moisson et rejetée, débarrassée des graines, sur le champ par la
moissonneuse-batteuse, dans le cas de récolte mécanisée. La partie de la tige, de faible hauteur qui reste au sol s'appelle le
chaume (en botanique, on appelle
chaume la tige des graminées).
La paille peut être récoltée, principalement pour servir de
litière aux animaux (chevaux, bovins, porcins et ovins notamment), et former ainsi la base du
fumier, qui peut être utilisé comme
fertilisant biologique. Elle peut servir aussi de
fourrage de qualité médiocre, pour les
ruminants, en cas de nécessité ou, de nouveau, de matériau pour la construction des bâtiments agricoles ou de véritables
maisons. Le
torchis peut inclure de la paille.
Elle peut aussi être enfouie et ainsi conserver au sol son taux de
matière organique ou brûlée sur place. Cela évite les opérations de
récolte et de transport, relativement coûteuses, surtout dans les
régions céréalières sans élevage (comme le bassin parisien).
La hauteur du chaume dépend du réglage en hauteur de la
barre de coupe de la moissonneuse-batteuse, selon principalement si l'on désire ou non
récolter un maximum de paille. Cependant, sur un terrain comportant des
trous ou ornières, le réglage sera haut afin d'éviter de casser la
barre de coupe.
Certaines moissonneuses-batteuses sont équipées d'un ou de deux broyeurs (ou hache-paille) :
- à l'avant de la machine, sous la barre de coupe, entre celle-ci et les roues avant ;
- à l'arrière, à la sortie de la paille.
Le broyeur avant facilitera le déchaumage, en hachant le chaume. Le
broyeur arrière hachera et éparpillera la paille de façon uniforme.
Après la moisson, on procède au
déchaumage, qui consiste en une façon superficielle, souvent à l'aide d'outil à disques, ou
déchaumeuse, destinée à accélérer la décomposition du chaume et des restes de paille, avant le
labour d'automne. Le déchaumage a également pour fonction de permettre la
germination des graines non récoltées. Ainsi ces graines ne viendront pas concurrencer une future autre culture.
La culture du blé[modifier]Champ de blé en Seine-et-Marne
Les
systèmes de cultures ont favorisé divers types de blé :
- le blé d'hiver est semé à l'automne. Il caractérise les régions méditerranéennes et tempérées ;
- le blé de printemps est semé au printemps et signale les pays
à hiver plus rude. La différence principale avec le blé d'hiver est que
le blé de printemps supporte assez difficilement les températures
basses. C'est grâce à lui que la Sibérie occidentale et le Canada sont devenus de gros producteurs.
Le semis[modifier]Le blé est une plante annuelle cultivée dans les régions tempérées.
Il représente la majeure partie de la production française de céréales.
Avant le semis, l'agriculteur prépare la terre : le sol doit d'abord
être aéré et labouré, puis désherbé. Des épandages d'
engrais de fond l'enrichissent et le préparent à recevoir les semences. Il faut enfin y passer la
herse pour émietter les mottes de terre (2 cm constitue une bonne taille de
mottes). Le blé d'hiver est semé en octobre-novembre et pousse en
prairie à dix centimètres de haut et ne change plus de taille jusqu'à la
fin de l'hiver. Il peut aussi être semé en avril comme blé de
printemps. Blé de printemps et blé d'hiver se récoltent tous deux en
été.
Il existe en gros quatre types de préparation de sol avant le semis :
- lors du labour,
la terre est profondément retournée par un premier outil puis émiettée
par un second. Cette technique tend à déstructurer les sols, à parfois
les tasser et créer ce qu'on appelle une croûte de battance ;
- la technique du faux semis consiste à faire lever les adventices durant l'interculture (août par exemple) puis à les détruire ensuite avec le passage d'un déchaumeur ;
- dans le cas du semis direct, un seul outil assure la création de la rainure de semis, le dépôt puis le recouvrement de la graine.
- le cas du semis sous-couvert qui consiste à ensemencer en automne une plante peu résistante au gel (phacélie, moutarde, ...) avec laquelle on sème le grain : la plante en gelant l'hiver protège le grain et empêche la venue des adventices.
La levée[modifier]Au début de la
germination, la semence de blé est sèche. Après humidification, il sort une
radicule (première petite racine) puis un
coléoptile.
Une première feuille paraît au sommet du coléoptile. La germination est
uniquement déterminée par une somme de température 30 °C base 0 °C. Il
s'agit de la température moyenne quotidienne cumulée. Il faut en moyenne
30 °C pour la germination, soit trois jours à 10 °C ou 10 jours à 3 °C,
et environ 150 °C pour la levée.
L'axe portant le bourgeon terminal se développe en un
rhizome (tige souterraine) dont la croissance s'arrête à 2 cm en dessous de la
surface du sol. Il apparaît un renflement dans la partie supérieure du
rhizome qui grossit et forme le
plateau de tallage.
La levée commence quand la
plantule sort de terre et que la première feuille pointe au grand jour son
limbe. Un désherbage peut être pratiqué en pré-semis (juste avant le semis) ou en post-semis pré-levée (entre le semis et la levée).
Le rythme d'émission des feuilles est réglé par des facteurs externes
comme la durée du jour et le rayonnement au moment de la levée. On
exprime le nombre de feuilles en fonction des cumuls de températures
depuis le semis (voir aussi
phyllotherme).
Le phyllotherme est la durée exprimée en somme de température séparant
l'apparition de deux feuilles successives. Il est estimé à 100 °C en
base 0 °C et varie entre 80 °C (semis tardif) à 110 °C (semis précoce).
Le blé a besoin d'une période de froid d'environ 100 jours, ce qui
explique le fait qu'il n'y a pas de développement de la culture du blé
dans les régions tropicales et équatoriales.
La période « quelques feuilles » peut être le moment de désherber et parfois de traiter contre les
insectes (larves de
taupins,
tipules) en agriculture conventionnelle.
Le stade « 3 feuilles »[modifier]Le stade « 3 feuilles » est une phase repère pour le développement du
blé. Des bourgeons se forment à l'aisselle des feuilles et donnent des
pousses – ou
talles.
Chaque talle primaire donne des talles secondaires. Apparaissent alors,
à partir de la base du plateau de tallage, des racines secondaires ou
adventives, qui seront à l'origine de l'augmentation du nombre d'épis.
Le tallage[modifier]Le
tallage commence à la fin de l'hiver et se poursuit jusqu'à la reprise du
printemps. Il est marqué par l'apparition d'une tige secondaire, une
talle, à la base de la première feuille. Les autres feuilles poussent
elles aussi leurs talles vertes. Au moment du plein tallage, la plante
est étalée ou a un port retombant.
À l'intérieur de la tige, on peut trouver ce qu'on appelle la
pointe de croissance.
Elle commence à ressembler à un épi de blé. Initialement, la pointe est
sous terre, protégée contre le gel. Au fur et à mesure de la reprise de
la végétation, la pointe de croissance va s'élever dans la tige
La montaison[modifier]La montaison se produit de fin avril à fin mai en France. Au sommet
du bourgeon terminal se produit le début du développement de l'épi.
Parallèlement, on assiste à l'allongement des entrenœuds. Le stade « épi
à 1 cm » du plateau de tallage est caractérisé par une croissance
active des talles. Le plant de blé a besoin, durant cette phase, d'un
important apport d'
azote.
À la fin de la montaison apparait la
F1. Ce terme désigne la dernière
feuille sortie. En semis dense, cette feuille est essentielle car elle va à elle seule contribuer à 75 %
du rendement en grains. Juste avant la maturité, les plants trop
densément semés se concurrençant entre eux, c'est même généralement la
seule feuille encore vivante. Lorsque cette feuille est touchée, le
poids de la récolte en grain devient vite désastreux. En effet, avec des
plants serrés le poids unitaire des grains est déjà faible. De
surcroît, cette faible distance entre chaque plant facilite la
propagation des maladies. Au moindre stress, la céréale risque alors de
donner des grains de très faible poids. On prévient dans l'immédiat
cette baisse du rendement avec l'épandage préalable d'engrais et de
pesticides : s'installe ensuite un phénomène de dépendance croissante à
ces produits.
L'épiaison[modifier]L'
épiaison se produit en mai ou juin en France, lorsque la gaine éclatée laisse
entrevoir l'épi qui s'en dégage peu à peu (on parle de gonflement). Pour
les variétés barbues comme le blé dur, c'est le moment où apparaissent
les extrémités des
barbes à la base de la ligule de la dernière feuille. Avant l'apparition de l'épi, on peut voir un gonflement de la gaine.
À ce stade, le nombre total d'épis est défini, de même que le nombre
total de fleurs par épi. Chaque fleur peut potentiellement donner un
grain (par exemple 25 grains par épi), mais il est possible que
certaines fleurs ne donnent jamais d'épi, en raison de déficit de
fécondation par exemple.
La floraison[modifier]Fleurs de blé.
La
floraison s'observe à partir du moment où quelques
étamines sont visibles dans le tiers moyen de l'épi, en dehors des
glumelles. Quand les
anthères apparaissent, elles sont jaunes ; après exposition au soleil, elles deviennent blanches. Le
grain de pollen des blés est monoporé et sa dispersion est relativement faible.
À la fin de la floraison, quelques étamines séchées subsistent sur
l'épi. Environ quinze jours après la floraison, le blé commence à
changer de couleur : du vert il passe au jaune, doré, bronze et rouge.
La formation du grain[modifier]Blé mur.
Le cycle s'achève par la maturation qui dure en moyenne 45 jours. Les
grains vont progressivement se remplir et passer par différents stades
tels que les stades laiteux, puis pâteux, au cours desquels la teneur en
amidon augmente et le taux d'
humidité diminue. Durant cette phase, les réserves migrent depuis les parties
vertes jusqu'aux grains. Quand le blé est mûr, le végétal est sec et les
graines des épis sont chargées de réserves.
La formation du grain se fait quand les grains du tiers moyen de
l'épi parviennent à la moitié de leur développement. Ils se développent
en deux stades :
- le stade laiteux où le grain vert clair, d'un contenu laiteux, atteint sa dimension définitive ;
- le stade pâteux où le grain, d'un vert jaune, s'écrase facilement.
Les glumes et les glumelles sont jaunes striées de vert, les feuilles sèches et les nœuds de la tige encore verts.
Puis le grain mûrit : brillant, durci, il prend une couleur jaune. À
maturité complète, le grain a la couleur typique de la variété et la
plante est sèche. À sur-maturité, le grain est mat et tombe tout seul de
l'épi.